Zoom sur une espèce : le Martinet pâle
- Fabien GILOT
- 1 sept.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 sept.

Le Martinet pâle (Apus pallidus) est une espèce habitant les pourtours de la Méditerranée, de l’Espagne et du Maroc, jusqu’à la Turquie et même jusqu’au Golfe d’Oman, sur la côte méridionale iranienne. En France, l’espèce est localisée au littoral méditerranéen, à l’exception de la célèbre colonie de l’Hôtel Dieu à Toulouse, d’une petite colonie à Biarritz et, plus récemment, à Bordeaux (2014) et Lyon (2023).
Dans les Pyrénées-Orientales, l’espèce est assez commune sur tout le littoral, de Cerbère au Barcarès. La grande majorité des sites de reproduction sont urbains mais une part encore méconnue de la population niche sur les falaises côtières du massif des Albères (cap Cerbère, Cap Rédéris, Cap de l’Abeille…). En dehors du littoral, l’espèce, beaucoup plus localisée, niche à Rivesaltes (Collège), Perpignan et les viaducs de l’Autoroute A9 entre le Boulou et la frontière espagnole.

Le Martinet pâle affectionne tout particulièrement la proximité de l’eau, en particulier la mer mais aussi les bords de rivière (Bords de la Têt et de la Basse à Perpignan, Bords de la Rome au Boulou/Le Perthus). Les grands édifices édifiés sur la frange littorale (Résidences de Canet, Argelès, Torreilles, Barcarès…) lui sont ainsi très favorables et ont probablement permis une augmentation significative de la population nicheuse départementale depuis la mission « Racine » de 1963.

Phénologie de reproduction
Selon les données acquises grâce à la base de données FAUNE OCCITANIE, il semble que la nidification de l’espèce soit particulièrement tardive (Août-septembre). Cette phénologie particulière est néanmoins à mitiger par la difficulté d’identification de l’espèce lorsque les colonies de Martinet noir sont très actives.
La bibliographie indique qu’une première couvée est menée en mai/juin et que les nourrissages observés en août-septembre correspondent à des 2e nichées.
Mois | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | Total général |
Nbre observations avec code atlas >4 | 12 | 73 | 130 | 142 | 256 | 162 | 27 | 10 | 812 |
% | 1,5% | 9,0% | 16,0% | 17,5% | 31,5% | 20,0% | 3,3% | 1,2% | 100,0% |
Ci-dessus : Répartition mensuelle des observations de Martinet pâle avec indice de reproduction supérieur à 4 dans les Pyrénées-Orientales (export Faune Occitanie ; 26/08/2025).
Le Martinet pâle à Perpignan :
Les colonies urbaines de Perpignan présentent plusieurs caractéristiques qui méritent d’être approfondies, en particulier pour ce qui concerne les sites de reproduction :
Les sites de nid identifiés à Perpignan sont globalement conformes à ce qui est connu dans la bibliographie : trou ou fentes de ventilation, joints de dilatation sous un pont, interstice supérieur de volet roulants, mâchicoulis (Castillet).
Il convient cependant de noter l’observation régulière de nids construits sur des poutres faîtières ou latérales des pignons de maisons bourgeoises. Ces sites de nid particuliers – classiquement utilisés par le Rougequeue noir ou la Bergeronnette grise – ne semblent pas avoir été décrits dans la bibliographie. Ils permettent de visualiser assez facilement les couveurs et facilitent l’obtention d’indice de reproduction précis.
Enfin, le Martinet pâle peut également s’installer dans des nids d’Hirondelle de fenêtre à condition que la partie supérieure du nid soit cassées, lui permettant ainsi d’y accéder. Les cas observés dans les PO sont rares : 2 cas ont été notés historiquement à Perpignan et 1 cas a été documenté à Cerbère depuis quelques années.





Le suivi de l’espèce mené par le GOR à Perpignan depuis près de 15 ans a permis de mettre en avant plusieurs faits marquants :
- Les effectifs nicheurs accusent un déclin sévère sur les quinze dernières années. Ce déclin est difficile à quantifier et est probablement variable selon les quartiers. Notons que, dans le quartier de gare, l’espèce a quasiment disparu alors qu’une cinquantaine de couples s’y reproduisaient en 2010.
- Les sites de reproduction situés sur les poutres des pignons des maisons bourgeoises se sont considérablement raréfiés. Il est possible que l’accès relativement facile au nid ait augmenté la prédation sur les couvées (pie ?). Il en ressort que les petites colonies de quelques couples ont souvent disparu et que l’espèce se concentre maintenant en colonies plus denses.
Les programmes de rénovation urbaine dans le centre historique de Perpignan pourraient avoir un impact négatif sur l’espèce, jusqu’alors considérée comme peu menacée en France et en Région. Cependant, notons que plusieurs petites colonies ont disparu à Perpignan depuis 2012 alors que les édifices qui abritaient les nids n’ont pas été modifiés.
Afin d’essayer de mieux comprendre l’évolution des effectifs de cette espèce dans le département, toutes les observations de Martinet pâle nous intéressent, en particulier celles qui décrivent précisément les sites de nidification.
Merci de vos contributions sur Faune Occitanie !





Salut Fabien, un grand merci pour cet article !
Comme tu le soulignes, les nidifications sur poutre se font rares. Les 3 sites que je connaissais au Bas-Vernet semblent abandonnés depuis quelques années.
Les colonies du Pont Joffre, du stade Aimé Giral et de l'avenue Guynemer étaient encore actives il y a quelques jours (pas pris le temps de saisir sur Faune-Oc mais je vais faire).