Pour l’apprentissage chez les mésanges charbonnières, les parents, c’est bien, mais les frères et sœurs, c’est mieux !
- Ghislaine Escoubeyrou
- 29 oct.
- 2 min de lecture
Une expérience (1) conduite en Allemagne (Institut Max-Planck)) a établi que, pour résoudre un problème leur permettant de se nourrir, les jeunes oiseaux s’en remettent plutôt à leur fratrie qu’à leurs géniteurs.
L’apprentissage chez les mésanges fascine depuis longtemps :
Déjà en 1921, dans le sud de l’Angleterre, un habitant découvre que le capuchon de métal de la bouteille de lait déposée sur son pas de sa porte a été percé et la crème a été dérobée. Il constate que ce sont des mésanges bleues. Le phénomène s’étend rapidement à tout le village, puis au fil des décennies, à toute l’Angleterre !
Question : Comment les oiseaux ont-ils appris ?
Bien plus tard, en 2000, Lucy Aplin (du même Institut) démontre grâce à des expériences de recherche de nourriture et de permutation d’individus de mésanges charbonnières adultes, que ceux qui ont effectués des déplacements adoptent les techniques de leurs nouveaux condisciples. Le savoir-faire se transmet ensuite de génération en génération, même après le départ des premiers initiés.
Mais que se passait-il pendant la phase juvénile ?
Pour le savoir, les chercheurs ont équipé 51 couples de mésanges et leurs 229 oisillons de puces électroniques capables de suivre leurs déplacements. Pendant dix semaines, ils ont également enregistré leur comportement à proximité des mangeoires, les différentes tentatives, vers la droite ou vers la gauche, les succès et les échecs, l’identité des observateurs…
« L’essentiel de nos connaissances sur l’apprentissage social juvénile provient de l’étude d’espèces qui pratiquent un long accompagnement parental ». Alors que les petites mésanges doivent voler de leurs propres ailes et trouver leur nourriture au bout d’une dizaine de jours. Les parents ne semblent plus leur apporter une quelconque aide, mais peut-être restent-ils un modèle ?
Le résultat de l’expérience est spectaculaire. L’analyse détaillée des interactions démontre que seul le premier apprenant de la fratrie s’inspire de ses géniteurs, et encore de façon minoritaire, à 25 %.
Les autres, soit les trois quarts des aînés, copient plutôt d’autres adultes. Ensuite, la pompe générationnelle se met en marche et pas moins de 94 % des juvéniles apprennent en observant un frère ou une sœur (phénomène massif).
Les mésanges héritent donc bien du capital culturel de leurs parents. Mais, plutôt que de profiter d’une transmission directe, elles « s’appuient sur leur environnement social étendu », soulignent les chercheurs dans leur article.

(1) Publiée dans la revue Plos Biology


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