Vautour fauve
Gyps fulvus- Voltor comu
Cet oiseau est un véritable P.V (non pas procès-verbal, mais paradoxe volant !) en effet, c’est sûrement le rapace le plus visible au dessus de nos montagnes. Il s'aventure parfois en plaine et même sur le littoral comme ce jeune oiseau égaré à Canet en Roussillon en 2021!
Visible, il l’est, même de loin, par son envergure (mesure d’un oiseau d’une extrémité de l’aile à l’autre) qui peut atteindre 2,80m. La queue est courte, le corps est lourd (7 à 10kg, c’est un beau poulet !), le dessus est brun, le dessous beige, les ailes offrent un contraste entre les rémiges (plumes de vol) noires et les couvertures beiges de la partie antérieure. Le cou long est blanc cassé couvert de courtes plumes (chez d’autres charognards il peut être nu, ce qui, d’un point de vue sanitaire, s’explique par le fait que les Vautours introduisant leur cou dans les carcasses ramènent un certain nombre de bactéries qui prendraient leurs aises dans un plumage fourni).
L’autre paradoxe du Vautour fauve se situe dans ses rapports complexes avec l’Homme. Voilà un oiseau dont on reconnaît volontiers l’utilité comme « nettoyeur de la nature », mais auquel bien peu sont disposés à accorder leur sympathie. Les motifs de ce sentiment sont connus, souvent d’ordre culturel : lien avec une certaine image de la mort, activité peu ragoûtante, aspect peu engageant (tout le monde n’a pas la prestance de l’Aigle royal !), mais, rappelons-le, cet oiseau est utile par sa situation à l’extrémité de la chaîne alimentaire où sa disparition créerait un déséquilibre, toujours néfaste.
C’est un oiseau social qui niche en colonies sur de hautes falaises utiles à son envol, en effet, en raison de son poids c’est un adepte du vol plané (le vol battu nécessitant une grande dépense d’énergie). Il utilise donc les courants d’air chaud ascendants qui se développent le long des parois chauffées par le soleil (tout comme les planeurs et autres ailes volantes !).
Il parcourt les massifs montagneux présentant de vastes étendues ouvertes, volant en groupe chaque individu scrutant le sol à la recherche d’une carcasse. Parfois les Corbeaux les ont précédés et leur rassemblement permet de localiser la proie. Des études tendent à démontrer que les Vautours utiliseraient également leur odorat.
Il consomme les dépouilles d’ongulés sauvages (isards, mouflons, cerfs, chevreuils…) et domestiques (vaches, chevaux, moutons) lors de « curées » pouvant rassembler plusieurs dizaines d’oiseaux et qui se déroulent suivant un rituel bien codifié. Le Vautour fauve n’est pas armé pour tuer, ses pattes sont faibles par rapport à un chasseur efficace comme l’Aigle royal et ses serres n’ont pas la courbure redoutable que l’on trouve chez ce dernier.
Une directive européenne a modifié la législation sur l’équarrissage des carcasses d’animaux domestiques qui ne peuvent plus être laissées sur place. Toutefois, la mise en place de nombreux charniers a permis de compenser le manque de nourriture accessible à l'espèce.
Curée de vautours fauves (J.Laurens)
Pour finir et au nom de la biodiversité, on peut espérer que ce mal aimé des airs vienne un jour imiter ses cousins le Gypaète barbu et le Vautour percnoptère en élevant ses petits sur les falaises de nos montagnes. Encore récemment, le dernier site connu des PO datait du 18eme siècle sur les Falaises de Villefranche et c'est sur ce même site qu'un couple s'est réinstallé en 2019 pour s'y reproduire. Mais cette installation n'est restée que temporaire.
La colonie la plus proche se trouve dans la Sierra del Cadi tout prés de la frontière, d'autres prospèrent plus au nord, dans l'Aude et en Lozère, des échanges se font entre ces foyers de peuplement.….
Yves Demonte
Photos de Jacques Feijoo et Jacques Laurens
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