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La Talève sultane au Delta de l'Ebre

TALEVE SULTANE Porphyrio porphyrio Western Swamphen


Le parc naturel du delta de l’Ebre, situé à l’extrême sud de la catalogne, est la plus vaste zone humide protégée de cette région. Paysage totalement plat composé de lagunes, de marais et de vastes champs de riz que surplombent, au loin, les montagnes d’Els Ports. Plus de 300 espèces d’oiseaux y ont été recensées, dont une qui a colonisé cette région récemment.

Les brumes matinales s’élèvent lentement au-dessus de la roselière. Un busard des roseaux décrit déjà ses arabesques dans l’air pur et se détache aisément sur le bleu pâle du ciel. Les sarcelles d’hiver dorment encore, tranquilles, à l’abri de la végétation.



A l’affût, arrivés tôt ce matin nous attendons qu’elle apparaisse. Plusieurs fois nous avons vu cette ombre violacée secouer les tiges et les feuilles mais sans jamais se montrer.

Un mouvement se fait au niveau des phragmites, et au milieu de ce camaïeu de vert et brun apparait une superbe Talève sultane reconnaissable à son plumage bleu turquoise, ses longues pattes et sa plaque frontale rouges. Lorsqu’elle fait demi tour pour regagner le couvert végétal, on aperçoit ses sous caudales d’un blanc pur.




Difficile de déterminer le sexe, les deux étant identiques. Seuls les juvéniles se démarquent par un plumage gris-ardoisé bleuté et des couleurs plus claires.

Si la Talève sultane est réputée sédentaire, les immatures n’hésitent pas a voler sur de longues distances et partent ainsi coloniser de nouveaux territoires. Ce fut le cas des Pyrénées-Orientales en 1996 où la colonisation s’est faite à partir d’individus réintroduits dans les années 90 au sein du Parc des Aiguamolls en Catalogne sud. Depuis, elle a conquis tous les grands marais du sud de la France. Cette expansion reste toutefois fragile car l’espèce est très sensible aux vagues de froid comme celle de mars 2012 qui a décimé une grande partie de l’effectif français. Son habitat privilégié est constitué de roselières quasi impénétrables bordant les étangs. Pour chercher sa pitance, elle se déplace facilement dans la végétation lacustre, en s’appuyant sur ses grosses pattes qui lui servent également a ramener vers son bec les végétaux dont elle se nourrit.

Si elle est essentiellement végétarienne, elle ne dédaigne pas chaparder quelques œufs ou poussins et à l’occasion, capturer poissons, grenouilles et crustacés généralement trouvés morts.

Ses cris sont secs et sonores et son chant trompetant et nasillard. Attention toutefois a ne pas confondre ses cris avec ceux du ragondin qui fréquente le même milieu et qui sont parfois ressemblants.

La femelle pond en général entre 2 et 7 œufs qu’elle dépose dans un nid flottant de feuilles mortes et de tiges de plantes aquatiques, bien caché au cœur de la végétation. Les deux parents participent à la construction du nid composé de plateformes et rampes d’accès (un petit peu à la manière des foulques macroules) où les juvéniles pourront se reposer. Après 22 à 25 jours d’incubation, les poussins naissent recouvert d’un fin duvet. Leur couleur est noire avec un léger revêtement plus clair sur le dos et les ailes, les pattes et les doigts sont rouge-rosé. Ils seront indépendants au bout de 2 mois. La meilleure période pour les voir est sans doute en juillet/août lorsqu’ils s’aventurent à découvert suivant les adultes pour s’alimenter en bordure des roselières.



Un grand remue-ménage et bruissement d’ailes se font entendre, les sarcelles d’hiver qui s’étaient éloignées de la végétation filent sur se remettre à l’abri. Les Talèves sultanes disparaissent prestement dans les phragmites. Un Busard des roseaux explorant son territoire, passe au-dessus d’elles………



Source oiseaux.net LPO

Photo Didier Galasso Espagne Delta de l’Ebre Octobre 2013

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