Lagopède alpin
Lagopus mutus pyrenaicus-Perdiu blanca
Voilà un Gallinacé que vous ne trouverez pas dans votre basse-cour, pour lui hors des sommets point de salut, il se mérite, ah ça oui il se mérite ! Mais, avant tout, une petite piqûre de rappel, pour aller tout là haut il faut : une bonne paire de chaussures, un vêtement chaud, un imperméable, de l’eau, des vivres, un chapeau, un coup d’œil à la météo, si vous connaissez un bon druide un peu de potion magique…et c’est parti !
Après une ascension que nous vous souhaitons la plus douce possible (là sourire sadique du narrateur !), vous parvenez enfin sous les pics, la pente s’adoucit pour former un replat herbeux parsemé de rochers, vous y êtes ! Nous sommes en mai ou plutôt en juin (par précaution, on voit des neiges qui affichent un mépris total du calendrier !), un petit vent glacé nous rappelle d’ailleurs que les saisons à plus de 2000m sont une notion très relative ; le paysage quasi lunaire qui s’étend devant nous est à dominante grise, brune, roussâtre et blanche des névés qui persistent. Pas de chance, ce sont précisément les couleurs de notre oiseau en cette saison, il les gardera jusqu’à l’automne ; si vous étiez venus en hiver, vous auriez vu (ou plutôt vous n’auriez pas vu) un oiseau entièrement blanc hormis des marques rouges et noires autour des yeux et les rectrices (plumes de la queue) externes noires. Car le Lagopède alpin possède un plumage dit cryptique, c'est-à-dire qui varie avec la saison, quatre fois chez le mâle et trois fois chez la femelle ; ceci évidemment dans un souci de camouflage pour s’adapter à son environnement (songez que dans ces milieux dépourvus de végétation haute sa seule chance d’échapper au regard perçant de l’Aigle royal est de se confondre avec le sol).
Autre merveille d’adaptation au milieu chez notre oiseau : ses pattes recouvertes de plumes jusqu’aux doigts afin de servir de véritables raquettes à neige. Notez enfin que l’objet de votre quête (véritable Graal pour certains !) a la taille d’une perdrix et vous saurez tout sur son aspect physique, il ne vous reste plus qu’à le trouver. Il va falloir parcourir ces replats pierreux de l’étage alpin (au dessus de 2200m d’altitude) où notre oiseau aménage un nid sommaire à même le sol, la date de ponte étant entièrement dépendante des conditions d’enneigement.
Il se nourrit l’hiver de pousses de végétaux, d’insectes au printemps et de baies à l’automne.
Le Lagopède est très sédentaire, les menaces pesant sur lui sont liées au climat et aux dérangements ; au climat car un déneigement précoce en fin d’hiver le rendrait visible aux prédateurs (il serait blanc sur fond brun !), d’autre part un épisode pluvieux/neigeux tardif perturberait gravement l’élevage des jeunes (ils se nourrissent d’insectes). Les dérangements causés par l’Homme peuvent être très graves en période de reproduction.
Alors luttons contre le réchauffement et évitons de le déranger, il n’y en aurait plus dans le Madres et seuls 250 à 300 coqs chantent dans le Canigou, le Puigmal et le Carlit.
Bonnes observations !
Yves Demonte
Crédit photos: André Labetaa et Jacques Feijoo
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