Héron pourpré (Ardea purpurea) - Agro roig - Purple Heron
Migrateur. Nicheur rare ?
Les premiers migrateurs sont régulièrement notés sur le littoral au cours de la deuxième quinzaine de mars, rarement avant (date extrême : 8 mars 1996). Compte tenu de sa propension à migrer de nuit, les passages détectés ne concernent qu’un petit nombre d’individus souvent observés à l’unité ou en petits groupes. Ce héron nous quitte en septembre en laissant quelques retardataires en octobre. Il s’agit, à cette époque, pour la plupart, d’oiseaux de première année. Un individu est signalé un 2 novembre en Cerdagne (1) et, à l’automne 2013, un jeune de l’année a été aperçu à plusieurs reprises dans les sagnes de Salses/Opoul jusqu’au 26 novembre. Peut-être a-t-il hiverné car, même si cela est exceptionnel, plusieurs cas ont été relevé en France (2). Lors des passages, il est parfois aperçu des petits groupes d’oiseaux en mer notamment face aux caps de la côte rocheuse. D’autres, peu nombreux n’hésitent pas à franchir les Pyrénées par la Cerdagne. Il est ainsi régulièrement observé en halte, au printemps comme à l’automne, en bordure du petit plan d’eau de Concellabre situé sur le plateau Cerdan à plus de 1200 m. Les données issues du baguage montrent que les oiseaux nichant en Europe du Nord transitent par les Pyrénées-Orientales. C’était le cas de ce poussin bagué en Hollande en juin 1964 et contrôlé à Elne en octobre 1968 (3) ceci a aussi été mis en évidence par les suivis d’oiseaux marqués en Catalogne (4).
Héron pourpré adulte (Stéphane Névier)
Le Héron pourpré niche au cœur des dernières phragmitaies, en bordure des étangs de Canet et de Salses. Malgré des observations régulières d’individus en bordure des plans d’eau de l’intérieur des terres (Villeneuve-de-la-Raho, Millas,…) la reproduction n’y a jamais été constatée. Les couples s’installent dès le début avril, et la ponte s’étale de mi-avril à mi-juin (moyenne 4 œufs pour 8 pontes contrôlées). En 1985, la population nicheuse était estimée à 15/17 couples (5). Sa reproduction dans les sagnes de Salses est irrégulière et ne concerne qu’un petit nombre d’oiseaux (2 couples en 1996). En 2012, grâce à un survol des roselières assuré par la Tour du Valat, 7 nids sont localisés dans les marais du Cagarell en bordure de l’étang de Canet et 5 dans les sagnes de Salses/Opoul. Le même survol effectué en 2014 dans le cadre du 10° recensement des hérons coloniaux nicheurs en France, n’a pas permis de localiser de nid occupé. Le dernier indice probant pouvant laisser penser à une éventuelle reproduction est recueilli en bordure de l’étang de Canet en 2016. Depuis, malgré des recherches annuelles, il semble que ce héron ne s’est plus reproduit dans les Pyrénées-Orientales. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette disparition : présence importante du sanglier et du ragondin, survols répétés à basse altitude par des avions pour des opérations de démoustication en pleine période de reproduction, organisation tardive de battues aux sangliers,… La concurrence, un temps évoquée avec le Héron cendré qui lui est en pleine progression, n’est pas à retenir car ce dernier est très peu présent en tant que nicheur dans les milieux qu’affectionne le Héron pourpré pour se reproduire.
Il semble bien que ce soit la lente dégradation des roselières qui en soit la cause principale. En effet, le Héron pourpré est strictement inféodé aux marais d’eau douce permanents présentant de préférence de vastes roselières à Phragmites australis et ce type de milieu a tendance à disparaître sous l’effet de plusieurs facteurs : sécheresses répétées, atterissement, salinisation. Seules des mesures drastiques visant a restaurer ce type de milieu permettra un retour de l’espèce dans les Pyrénées-Orientales.
1- G.Berlic et M.F.Berlic (2001)- Les oiseaux de Cerdagne Capcir. Ceretania 3
2- M. Caupenne – Atlas des oiseaux de France métropolitaine 2015
3- G. Berlic 1995 – Le baguage des oiseaux dans les Pyrénées-Orientales. Reprises-Contrôles 1952-1991. Naturalia ruscinonensia 3.
4- ICO. 2020. SIOC: Servidor d'Informació Ornitològica de Catalunya. ICO, Barcelona. (http://www.sioc.cat)
5- Y. Aleman 2007- Statut des ardéidés dans les Pyrénées-Orientales. La Mélano 12
Je n'ai pas encore eu la chance de rencontrer cette majesté, mais j'ouvre l'oeil et ne désespère pas d'avoir cette opportunité.
Merci pour toutes ces info
Merci pour vos réactions et commentaires. Je vais essayer d'apporter quelques éclairages;
Pour répondre à Cécilia. Il ne faut surtout pas dire que le conservatoire du littoral ne sert à rien car sans lui, cela ferait belle lurette que les quelques portions de littoral ou de marais qui nous restent, seraient bâtis. En fait, le rôle du conservatoire est d'acheter des terrains et ensuite, il en confie la gestion à des collectivités ou des associations et c'est là où souvent, les choses n'avancent pas (bien qu'il se fasse des choses super sur certains secteurs).
Pour le Cagarell, il se trouve qu'une petite partie seulement a pu (pour l'instant) être achetée par le conservatoire. Le reste est privé (propriétaires multiples).
Pour…
Merci. Bien intéressant mais quelles tristes nouvelles.
Un peu écœurant ce triste constat de disparition.
Finalement, le conservatoire du littoral ne sert pas à grand chose. Les grands discours sur la biodiversité non plus.
Le Cagarell, est-ce une zone privée ?
C'est là que se font des opérations de baguage. Peut-être même là qu' a été vu la marouette nicheuse ??