S’il y a bien un faucon qui fait frissonner les ornithos c’est celui-ci. Il faut dire qu’il a tout d’un oiseau atypique, et ce pour plusieurs raisons :
• Ses noms français, latin (Falco eleonorae) et même catalan (Falcó de la reina) lui ont été donnés en hommage à Éléonore d'Arborée, qui a régné sur une partie de la Sardaigne au 14ème siècle. Elle est restée dans les mémoires pour avoir promulgué la Carta de Logu, l’un des premiers codes civils de l’histoire européenne, dans lequel les rapaces étaient protégés. • Son mode de reproduction en colonies (fait rare chez les rapaces), situées quasi-uniquement sur des falaises maritimes de Méditerranée. • Sa spécialisation dans la capture d’oiseaux migrateurs, raison pour laquelle sa reproduction est décalée dans la saison (juillet-octobre), afin de profiter des flux migratoires des passereaux pour nourrir ses jeunes. • Sa grande migration, qui le mène de ses falaises méditerranéennes à l’Afrique de l’Est (et principalement Madagascar), où il passe l’hiver. • Et bien-sûr, son élégance folle !!
On trouve des colonies de Faucon d’Éléonore du Maroc à Chypre et les plus proches de chez nous sont aux Baléares et en Sardaigne. Le mois d’août coïncide avec le pic d’apparition de cette espèce chez nous, qui est souvent le fait d’individus erratiques qui ont échoué dans leur nidification ou sont trop jeunes pour se reproduire. L’Eléonore reste cependant une espèce peu commune (moins de 20 observations par an dans le département) et son observation est toujours un grand moment.
Comment le reconnaitre ? C’est un grand faucon (jusqu’à 1m d’envergure) à l’allure svelte. Deux formes existent : l’une claire à la poitrine rousse et aux joues blanches, l’autre sombre, au plumage entièrement brun foncé ou anthracite. Les individus de forme claire peuvent facilement être confondus avec le Faucon hobereau, voire le Faucon pèlerin. Ce premier est cependant plus petit et le roux de son plumage se limite au bas-ventre, tandis que toute la poitrine de l’Eléonore est entièrement rousse. Le Faucon pèlerin est lui bien plus trapu et ses ailes et sa queue sont en proportion plus courtes.
Où l’observer ? Des petits groupes peuvent se former n’importe où, en plaine agricole, sur la côte rocheuse, comme en montagne, tant qu’il y a de la ressource alimentaire en grande quantité (gros insectes volants surtout). Son observation relève bien souvent de la chance mais, puisque c’est le bon moment, à vos jumelles !
Texte: Florian Olivier
Photos : S.Albouy ; A.Labetaa
j'ai eu la chance de l'observer sur ses sites de reproduction en Sardaigne....inoubliable!! Merci à Florian pour ce texte très instructif.
Merci beaucoup.
Pour ceux que ça intéresse : 3 Eléonores vus au-dessus de Campoussy le 6 puis le 10 août (cf faune lr)
Super avec beaucoup d'infos sur cette belle espèce
Joseph Travé
En 1958, au cours d'une mission à l'archipel des Columbretes avec le Lacaze-Duthiers, Prodon et moi avons débarqué et logé au phare. Des faucons nichaient su le point le plus Haut de l'ile Grosse. Le gardien du phare nous dona l'autorisation d'en tuer un et sur sa barque et son fusil, Laubier, assistant le tua. Lomont très excité le détermina compléta les oiseaux marins de l'archipel: Puffin cendré, Pétrel tempête, Goéland argenté.
J'apprends avec plaisir que les rapaces sont protégés en Sardaigne depuis le IVX iéme siècle