Butor étoilé (Botaurus stellaris)
Bito - Bittern
Nicheur, migrateur de passage et hivernant.
Le Butor étoilé s’observe essentiellement dans les roselières des étangs de Salses-Leucate et de Canet mais, en hiver et lors des passages migratoires, il fréquente une plus grande variété d’habitats ce qui permet de l’observer occasionnellement sur d’autres secteurs : 1 trouvé mort le 19/03/73 à Bourg-Madame (1), 1 dans la réserve écologique de Villeneuve-de-la-Raho le 10/12/2005 et 1 dans les prades de Montescot le 13/12/2014. Les premiers chanteurs se font entendre régulièrement en mars et quelquefois dès février, mais la fréquence maximale est atteinte entre la mi-avril et la fin mai. Le passage migratoire semble s’étendre jusqu’à fin avril et peut se prolonger jusqu’à mi-mai. A cette époque, il est possible de rencontrer des petits groupes d’oiseaux en déplacement : 4 se suivant en vol le 27/04/1987 sur le lido de Canet, 6 ensemble le 18/05/2005 à Salses et autant le 23/03/2015 à Canet. Par contre, en l’absence du chant des mâles, le passage postnuptial passe totalement inaperçu (aucune donnée en août et septembre). L’hivernage d’un petit nombre d’individus (sans doute 1 à 3) est régulier , malgré les dérangements dus à la chasse au gibier d’eau. Ces cas d’hivernage pourraient être plus nombreux qu’il n’y paraît, compte tenu de la discrétion de l’espèce à cette époque de l’année. La situation est à peu près identique dans l’ensemble des départements voisins. Ainsi, la difficulté de quantifier la population hivernante de cette espèce vulnérable lui a valu d’être inscrite dans la liste rouge des oiseaux hivernants du Languedoc-Roussillon (Comité Meridionalis, 2005).
Les grandes roselières des étangs de Salses-Leucate et de Canet abritent l’espèce en période de reproduction. Cependant, les preuves de cette dernière sont rares :
· Un nid avec cinq œufs découvert le 22/04/2012 dans une jonçaie inondée, en périphérie immédiate de la roselière des Prés de la ville (étang de Canet). Ce nid a été prédaté par la suite. Site probablement occupé également en 2013 ou le 22/05 un oiseaux est observé faisant de nombreux allers-retours dans la roselière.
· Dans les Grandes Sagnes de Salse-Leucate, de nombreux allers-retours observés fin juin 2012 dans une scirpaie/jonçaie, ce qui suppose un nourrissage probable sur ce site.
Par ailleurs, il est probable que le succès de reproduction soit faible et fluctuant car le niveau d’eau dans les roselières aux mois de juin et juillet semble être le critère primordial pour que l’espèce puisse mener à bien sa nidification.
Le recensement des mâles chanteurs est régulièrement assuré depuis la fin des années 90 et malheureusement, à l’instar de nombreuses autres régions, nous assistons à un lent déclin de l’espèce. Si, en 2007 la population locale était encore estimée à 10/15 mâles chanteurs (2), au printemps 2008, suite à une sécheresse exceptionnelle, aucun mâle chanteur n’était détecté (3). Par la suite, à partir de 2010, les recensements annuels effectués dans le cadre du Plan National d’Actions consacré à l’espèce montrent un net fléchissement au niveau du nombre de mâles chanteurs (4, 5, 6).
Jusqu’en 2012, malgré la variation interannuelle des effectifs des mâles chanteurs des deux sites, l’effectif total était relativement stable (de 5 à 7 mâles chanteurs). Par la suite, nous avons pu assister à la quasi disparition de l’espèce en tant que nicheur. Ainsi, en 2020, un seul chanteur a été détecté dans les roselières de Salses. Dans le même temps, l’habitat préférentiel de l’espèce s’est fortement dégradé et nous assistons au lent dépérissement des grandes roselières des étangs de Canet et de Salses mis en évidence par le diagnostic effectué en 2010 (6). La situation du Butor étoilé est donc critique et son maintien ne pourra être assuré que par la restauration et la préservation des grandes roselières qui constituent son milieu de vie exclusif. Plus au sus en Catalogne, la situation est également préoccupante avec un seul mâle chanteur présent dans la Réserve Naturelle des Aiguamolls de l’Empordà (site de renommée internationale pour les oiseaux d’eau) durant la période 1999-2002 (Bertolero & Orta., 2004).
1- Berlic et Berlic 2001
2-Aleman, Y., 2007. Statut des Ardéidés dans les Pyrénées-Orientales. La Mélanocéphale, 12 : 3-14.
3- Gilot, F., 2008. Recensement du Butor étoilé Botaurus stellaris dans les Pyrénées-Orientales au printemps 2008. Groupe Ornithologique du Roussillon, 2p.
4- Bonot, A., Sabran, C., Pichard, A., Gilot, F., Communier, F., Rufray, X., 2010. Plan National d’Actions du Butor étoilé (région Languedoc-Roussillon) 2008-2012 – Rapport d’activités 2010. Meridionalis. 87p
5 - Bonot, A., Keller, S., Pichard, A., Gilot, F., Communier., 2011. Plan National d’Actions du Butor étoilé (region Languedoc-Roussillon) 2008-2012 – Rapport d’activités 2011. Meridionalis. 91p.
6- Communier, F., 2010. Synthèse sur l’état de conservation des roselières favorables au Butor étoilé Botaurus stellaris dans les Pyrénées-Orientales en 2010. Groupe Ornithologique du Roussillon. 57p.
7- Communier., F., 2011.Situation du Butor étoilé Botaurus stellaris dans les Pyrénées-Orientales en 2011. La feuille de liaison du Groupe Ornithologique du Roussillon, 54 : 21-22.
Photo de Jean-Yves Bartrolitch.
Merci Yves pour ces publications.
Moi non plus je n'en ai jamais vu ni entendu. Je ne savais pas que la situation était critique pour ces oiseaux magnifiques. Merci pour les infos.
Très intéressant ! Comme d'hab ! J'en ai jamais vu ni entendu. Ces animaux (avec les B. nains) sont des trésors nationaux ! Des cathédrales.