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L'Engoulevent d'Europe


Si vous envisagez de passer la nuit dans un gîte d’étape (ces endroits délicieux où certains compagnons de chambrée donnent libre cours à toute une gamme d’émissions sonores à la qualité mélodique discutable, mais à l’intensité reconnue) évitez notre client du jour : il ronfle comme un pas poli ! Il le fait exprès en plus, bien éveillé qu’il est et ça peut durer des heures ! Ce ronronnement continu entrecoupé de brèves pauses, émis la nuit tombée, est en fait le chant de l’Engoulevent d’Europe.

C’est d’ailleurs le meilleur moyen de le localiser car sa livrée est discrète. Le jour venu vous serez bien en peine de l’apercevoir couché sur une branche dans le sens de la longueur ou à même le sol tant son plumage gris brun finement chiné le camoufle efficacement. Si, passant trop prés, vous le faites envoler, vous verrez un oiseau de taille moyenne à la longue queue au vol souple de rapace nocturne ; si c’est un mâle vous distinguerez nettement des taches blanches à l’extrémité des ailes et aux bords de la queue, la femelle, plus terne, en est dépourvue.



Son nom français « Engoulevent » est un vieux mot qui signifie « qui avale le vent » allusion très nette à sa cavité buccale démesurée. En effet, notre oiseau chasse la nuit les insectes volants, si son bec est très court, sa bouche par contre est très échancrée et entourée de « moustaches » (les vibrisses) sensibles au moindre contact : l’insecte détecté est aussitôt englouti dans le piège béant. Quant à son nom latin Caprimulgus (« qui tète les chèvres ») il laisse les étymologistes sans voix et moi aussi, je vous convie donc à en faire des interprétations personnelles qui, n’en doutons, pas seront aussi poétiques que surprenantes (l’usage de certains produits hallucinogènes n’est certes pas l’apanage de notre époque mais tout de même voir un oiseau accroché au pis d’une chèvre… quelle imagination !).

L’Engoulevent habite les milieux à végétation éparse avec des zones de sol nu et des arbres qu’il utilise comme postes de chant, les pinèdes clairsemées font très bien son affaire.

A son menu tout insecte volant la nuit dont il a le quasi monopole ses seuls concurrents étant les chauve-souris.

Il niche à même le sol sans apport de matériaux (paresse, économie de temps, rusticité ?…là aussi à vous de juger).

Ses effectifs semblent stables (ce qui fait toujours plaisir à dire) et notre région abrite un bon pourcentage de la population nationale.

Enlevez vos boules Quiés et bonne écoute !

C’est un migrateur qui nous quitte en août, octobre (premiers mouvements en juillet) pour revenir en avril, mai nicher.

Texte de Yves Demonte et photos de P.Jarry.

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