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Jean-Jacques Audubon

Un des premiers grand naturaliste « américain » et dessinateur de grand talent, d’origine française, Jean-Jacques Audubon s'est surtout intéressé aux oiseaux.


Jean-Jacques (ou John James) Audubon est né en 1785 en Haîti d'un père breton (homme d’affaires et aventurier) et d'une mère (créole, servante) qui meurt durant l’accouchement. Il passe une grand partie de son enfance dans la région nantaise et commence à dessiner très jeune. En 1803, pour fuir la souscription napoléonienne son père l’envoie dans sa propriété de la côte Est des Etats-Unis.

Suivant le parcours de son père, il se lance dans différents commerces et investit toute sa fortune dans un moulin, puis une scierie à vapeur qui sera un gouffre financier et l’enverra en prison pour endettement. Il finit par renoncer aux affaires et se lance dans sa passion, de manière fiévreuse, cela va de soi ! Pendant des années il va parcourir de long en large l’Amérique pour chasser, découvrir et dessiner les oiseaux, souvent en délaissant les siens.

Son œuvre grandissant, il propose une souscription aux scientifiques de la Nouvelle-Orléans mais ceux-ci refusent et restent fidèles à Alexander Wilson (1) avec qui ils ont déjà édité « American Ornithology »


A partir de 1820, il se consacre à la réalisation de son oeuvre maîtresse : Quatre cent trente-cinq planches au format d'un mètre sur soixante-quinze centimètres, gravées au cuivre et coloriées à la main, représentant 1065 oiseaux qui appartiennent à près de 500 espèces distinctes.

En 1826, il se rend en Angleterre pour trouver mécènes et graveurs ainsi qu’en France où il convaincra Cuvier (2) et quelques riches français d’adhérer à son projet. Ces dessins font merveilles et l’accueil est chaleureux. Il rencontrera à Londres les Havell, graveurs talentueux qui vont imprimer « Birds of America » pendant douze années de 1826 à 1838. Cet ouvrage sera considéré par Cuvier comme "le plus magnifique monument que l'art ait jamais élevé à l'ornithologie". En effet, les 435 planches sont, par leurs dimensions, leurs nombres et la qualité de leurs exécutions, un des sommets de l'édition ornithologique de l’époque.


L'ambition d'Audubon avait été de représenter les oiseaux en grandeur nature, dans leur environnement naturel et dans des attitudes pleines de vie. Ses aquarelles témoignent à la fois d'un souci scientifique du détail mais également de la volonté de célébrer les beautés et les mystères de la « création divine » (3). Présentés dans leur habitat naturel, nourrissant leurs petits ou menacés par leurs prédateurs, les oiseaux d'Audubon apparaissent bien éloignés des spécimens empaillés, figés sur un socle, tels qu’ils étaient montrés dans « l'Histoire des oiseaux » de Buffon, parue juste avant la Révolution française.


Puis en 1839, Audubon décide d'entreprendre "Les quadrupèdes vivipares de l'Amérique du Nord ", autre monument qui constitue un document précieux et unique sur la faune américaine de son temps.

En 1846, sa santé décline et il meurt en 1851, trois ans avant la publication des 150 planches des "Quadrupèdes".



De son vivant, il est assez méconnu en France et devient célèbre outre-Atlantique après la parution de son chef-d'oeuvre. D’ailleurs, presque toutes ses planches sont conservées aux Etats-Unis, son pays d'adoption (Bibliothèque Beinecke de l’université de Yale). La France, son pays d’origine, ne possédait aucune collection de lui. Il a fallu attendre la fin des années 1990 et le chantier de rénovation du Muséum de La Rochelle pour qu'une série de 131 dessins attribués à l'artiste soit mise au jour.



Pour l’anecdote, le tirage original de « Birds of America » était de deux cents copies qui ont été beaucoup dispersées. Sur les 14 copies françaises seules quatre sont aujourd’hui complètes. Un exemplaire complet s’est vendu 8.6 millions d’euros en 2010. C’est un des livres les plus chers et les plus recherchés au monde.

Audubon a aussi écrit : « Scènes de la nature dans les Etats-Unis et le nord de l’Amérique » ; « Le grand livres des oiseaux » ; « Journal du Missouri ».

Sa célébrité tient également à ses réflexions, à contre-courant de l'esprit des pionniers américains, et qui firent de lui un précurseur ouvrant la voie à une remise en cause de notre relation à la nature :

« La nature elle-même disparaît et la cupidité de l'homme éliminera bientôt du Labrador non seulement l'homme mais tout être vivant » écrit-il dans son journal en 1833.

Dans les premières années du vingtième siècle, cinquante ans après sa mort et en son honneur, les premiers écologistes américains créent la « National Audubon Society ». Aujourd’hui avec ses 600 000 membres, elle est une des plus puissantes associations de protection de la nature aux Etats-Unis.

Pour mémoire, contexte chronologique :

(1) Alexander Wilson publie « American ornithology » en 6 volumes de 1808 à 1812. Audubon avait refusé de devenir son associé dans cet entreprise, leur façon de représenter les oiseaux étant totalement différentes.

(2) Georges Cuvier (1769-1832) : anatomiste et paléontologue.

(3) « L’origine des espèces » de Charles Darwin paraît en 1859.

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