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Bruno Delesalle

Disparition des insectes en France métropolitaine

Actu-Environnement, 20 mars 2020 | Laurent Radisson

Le ministère de la Transition écologique publie l'évaluation 2013-2018 de l'état de conservation des habitats et des espèces rares ou menacées. La situation est préoccupante pour les insectes : 35 % des évaluations seulement sont favorables.

Une mortalité importante est pointée pour les papillons, dont le Phengaris teleius

C'est une étude qui avait fait grand bruit lors de sa publication par la revue Plos One en octobre 2017. Elle montrait que plus de 75 % de la biomasse des insectes volants avait disparu en 27 ans dans les zones protégées allemandes. Les résultats qu'ont publié, jeudi 19 mars, le service des statistiques du ministère de la Transition écologique et l'unité mixte de service PatriNat, se révèlent malheureusement cohérents avec le constat opéré Outre-Rhin. Mais aussi avec les listes rouges de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN).

« Les insectes sont-ils en voie d'extinction ? », interrogent les auteurs de la synthèse de la troisième évaluation de l'état de conservation des espèces et des habitats d'intérêt communautaire de France métropolitaine. « Quasiment aucune tendance positive n'est observée chez les insectes évalués sur la période 2013-2018 », constatent-ils. Trente-cinq pour cent seulement des évaluations effectuées sur 44 espèces (23 papillons, 10 coléoptères, 10 libellules et 1 sauterelle) concluent à un état de conservation favorable. Cinquante-six pour cent concluent à un état défavorable et 11 % à un état inconnu. Les libellules sont dans un état un peu meilleur (44 % d'état favorable) que les papillons et les coléoptères.

Les espèces associées aux prairies en fort déclin

Des disparités importantes sont constatées selon la région biogéographique concernée, l'étude en distinguant quatre : atlantique, continentale, alpine et méditerranéenne. Les résultats sont les plus mauvais dans la région atlantique avec deux tiers d'évaluations défavorables, suivie par la région continentale avec 61 % d'évaluations défavorables. La région alpine s'en sort mieux avec 52 % d'évaluation favorable.

Si l'on prend en compte cette fois les types d'écosystèmes, ce sont les espèces associées aux prairies, landes et fourrés qui présentent la plus forte tendance au déclin. Les papillons sont en première ligne. Parmi les habitats menacés, « les prairies de fauche et les prairies humides sont particulièrement touchées, de même que les pelouses sèches à orchidées », relève l'étude. Leur détérioration porte atteinte à des papillons comme l'Azuré de la sanguisorbe. Les insectes associés aux écosystèmes aquatiques et humides, dont 15 % seulement sont dans un état favorable, sont également très touchés.

Mortalités importantes dues aux néonicotinoïdes

Quasiment aucune tendance positive n'est observée chez les insectes évalués sur la période 2013-2018.

Les deux principales causes de ce déclin sont, d'une part, la destruction ou la perturbation des habitats, et, d'autre part, l'intensification des pratiques agricoles et sylvicoles. Les expertises s'accordent sur ce fait, rappelle le document.

Ainsi, la publication d'une liste rouge régionale des papillons menacés avait révélé, en novembre 2016, la disparition des habitats de prédilection des papillons et l'intensification agricole dans la région Île-de-France. L'étude avait mis en lumière des milieux agricoles « simplifiés et exsangues » et les effets délétères de « la charge massive des pesticides ».

« Le recours accru aux pesticides, néonicotinoïdes notamment, a conduit à des mortalités importantes », précisent les auteurs de cette nouvelle synthèse. Ces insecticides systémiques déciment les pollinisateurs, pourtant essentiels pour garantir les ressources vivrières mondiales, comme l'avait rappelé le groupe d'experts internationaux sur la biodiversité (IPBES) en mars 2016. L'interdiction de ces substances en France depuis le 1er septembre 2018 montrera à l'avenir si des effets positifs sont constatés sur les populations d'insectes.

« En tant que pollinisateurs, recycleurs de nutriments ou encore proies pour les autres animaux, les insectes constituent un maillon essentiel des chaînes alimentaires et un groupe indispensable au bon fonctionnement de tout écosystème », rappellent les auteurs de la synthèse. L'effondrement des populations d'insectes est ainsi identifié comme l'une des principales causes du déclin des populations d'oiseaux.

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