Chaque année dès la fin de l’hiver, il y a des phrases que l’on retrouve dans les palabres ornithologiques : « Est-ce que ça chante ? Ah tiens, j’ai entendu ma première charbonnière ! Les grimpereaux sont à fond … ». Mais, quand est-ce que les oiseaux chantent exactement ? Durant combien de mois ? Les milliers de données cumulées au cours des dernières années nous permettent de répondre à ces questions. L’objectif de cette analyse est de déterminer la phénologie de l’activité de chant de chaque espèce nicheuse (et chanteuse) du département des Pyrénées-Orientales, à partir des données recueillies sur les dix dernières années.
Fauvette passerinette (J. Dalmau/GOR).
Méthodologie
Les données issues de la base de données Faune-LR ont été compilées, en utilisant uniquement les observations relatives à des oiseaux chanteurs. Cela se fait principalement par le biais des codes atlas 3 et 5 (faisant référence à un ou plusieurs mâle(s) chanteur(s)), mais aussi en sélectionnant les données aux commentaires de type « chante », « chanteur », « tambourinage », etc. Ce sont ainsi 228 022 données d’oiseaux chanteurs d’une centaine d’espèces différentes qui ont été utilisées dans cette analyse.
Pour chaque espèce, la somme des données relatives à un oiseau chantant a été rapportée à une semaine de l’année. Cette valeur a elle-même été rapportée au nombre total de données de l’espèce dans la base pour cette même semaine. La proportion ainsi obtenue nous donne alors un proxy de l’activité de chant chez les oiseaux de cette espèce. Par exemple, pendant la semaine 18, il y a 2 025 données Rossignol philomèle sur les 10 dernières années. Parmi celles-ci, 1 708 correspondent à un oiseau chanteur, soit 84 %. L’ensemble de ces valeurs, pour chacune des 52 semaines d’une année, nous informe donc sur la proportion des individus chanteurs, qui peut alors être interprété comme la phénologie de chant pour l’espèce sur l’année.
Les proportions ne sont calculées qu’à partir de 10 données par semaine (sur les 10 ans), une valeur inférieure entrainant des imprécisions dans les proportions. Certaines espèces, ayant trop peu de données (Chouette de Tengmalm, Pic mar, Grand Tétras, …) ont été retirées de l’analyse. Ce sont donc 100 espèces qui sont ici présentées, principalement des passereaux, mais également les rapaces nocturnes, les pics (tambourinage et/ou chant), les Coucous, la Huppe, le Loriot, etc.
Lecture des graphiques
Figure 1. Exemple du Rossignol philomèle et du Rougegorge familier. En ordonnée : le pourcentage de données correspondant à des oiseaux chanteurs ; en abscisse : les numéros de semaines (rapportées en mois pour une meilleure facilité de lecture). N = nombre total de données sur la période 2014-2023 ; n= nombre de données de chanteurs sur la période 2014-2023.
Il faut noter que plus une espèce est commune, plus la courbe sera « propre », en raison du grand nombre de données disponibles pour chaque semaine que comporte une année. Ainsi, les courbes ci-dessus se rapprochent probablement de la réalité de l’activité de chant des espèces concernées, mais cela est moins vrai pour les espèces avec beaucoup moins de données dans la base.
Tarier pâtre (B. Boscher/GOR).
Résultats
très intéressant, merci !
C'est très intéressant !
Bravo !
Merci beaucoup Florian pour ce gros travail!
Pour le rougegorge et quelques autres espèces (Fauvette à tête noire), ne sont pas pris en compte les chants hivernaux, dont la fonction territoriale est moindre...
Fort intéressant , le ratio entre N et n m'interroge pour des espèces difficilement détectables visuellement si elles ne chantaient pas, notamment des nocturnes stricts comme Hibou petit duc ou Chouette Hulotte
C'est grâce à tout ce labeur "éclairé" que nos connaissances, même imparfaites, s'élaborent et s'affermissent ... On rend grâce à / on félicite tous ceux qui prennent une part active dans ces observations et dans leur exploitation.